C'est une histoire de femmes, de pierres et de courage.
Une histoire exigeante et farouche comme la Corse sait en susciter...
Après le départ de la dernière bénédictine, Stella, en 1990, le Cuventu San Francescu d'Oletta, s'endort pendant de longues années. Le magnifique édifice, abandonné, continue de se délabrer...
Mais il n'y a pas de hasard dit-on, et le miracle arrive grâce à deux femmes :
Simone Dat et Candida Romero, la mère et la fille, toutes deux artistes-peintres.
Unies par la même foi intrépide, puisant leurs forces dans le souvenir d'un autre évènement qui s'était passé
en 1967... "
Simone Dat et d'autres artistes se mobilisent, afin de retarder la démolition de la Ruche *, Simone est le détonateur de ce sauvetage."
Une halte s'impose maintenant pour rencontrer l'univers de ces deux femmes ...
Candida Romero © Gründ, La Ruche, un siècle d'art à Paris
Candida Romero est la fille de Simone Dat et de Juan Romero, elle est née en 1966 à la Ruche dans l'atelier
qui fut celui de Soutine. Depuis 1990, elle peint dans ce lieu qui l'inspire et s'est installé un atelier charmant dans l'un de ceux qu'habita Chagall.
"
Ici c'est comme à la campagne dit-elle, il n'y a pas de bruit : on n'entend que le chant des oiseaux !
Nous étions toute une bande d'enfants d'artistes à grandir ensemble, avec des horaires fantaisistes et des jeux incessants dans le jardin. Quand on allait chez d'autres camarades, on trouvait tout laid...
Vivre ici donne envie de peindre, mais il a fallu que j'en sorte, que je voyage, et que je commence à dessiner en Allemagne pour avoir envie d'y revenir." (p.150/151- La Ruche, un siècle d'art à Paris ©
Gründ - Dominique Paulvé )
oeuvres de Candida Romero, " Série Proust "
Sodome et Gomorrhe
Simone Dat dans son atelier de la Ruche qui fut celui de Zadkine,
s'ouvrant sur " l'Allée des sculpteurs "
Photo François Goudier
quelques vues de la Ruche
Passage Dantzig Paris XVe
Simone Dat dans son atelier de la Ruche © Daniel Lebée
La Ruche des Temps Modernes
Les abeilles de l'après-guerre - Découverte de la Nouvelle Vague.
Simone Dat, Elisabeth Dujarric de la Rivière et Bernard Anthonioz sauvent la Ruche.
Eau, gaz et électricité à tous les étages. Le sang neuf de la Ruche d'aujourd'hui, avec l'arrivée de jeunes artistes.
Dernier chapitre du livre sur la Ruche chez Gründ, cité d'artistes fondée au XIXe siècle.
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Candida ou comment peindre à la recherche du temps perdu ...
Candida dans son atelier du Cuventu San Francescu d'Oletta
photos©CôtéSud - Henri Del Omo
©Henri Del Omo
Candida dans son atelier du Couvent San Francescu devant les portraits
et le sillage des jeunes filles en fleurs...
Ce travail va trouver son apogée dans une exposition très aboutie " Little Girls ", issue d'une belle rencontre et de la naissance d'une amitié entre le peintre et un écrivain, l'Académicien Pierre-Jean Rémy (disparu en 2010), qui sans être fétichiste mais collectionneur de photographies anciennes et anonymes représentant des jeunes filles en fleurs, écrira des lettres d'amour qu'elle illustrera, en y ajoutant cette fois ... de la couleur !
Ils en feront un magnifique livre, qui liera l'art et l'écriture.
(source walk-n-shop.com/journal2012/.../candida-ou-comment-peindre-a-la-recherche-du-temps-perdu.htlm)
Cette série de peintures avaient été présentées dans de grands boîtiers vitrés. En tout soixante quinze oeuvres et une soixantaine de textes ont été rédigés. Tels des Ex-votos contemporains, ces " Little Girls ", mélangeant peinture, photo, collage, littérature et feuilles ont fait l'objet d'une mémorable exposition à la galerie Azzedine Alaïa ( pour qui notre artiste avait d'ailleurs travaillé comme mannequin )et d'un non moins splendide ouvrage paru la même année aux éditions Gourcuff-Gradenigo.
(source Ze mag'zine)
sur le chevalet
Falbalas 2008, boîtier vitré, technique mixte couvertures de livres
Je pourrais encore vous parler longtemps de ce coup de foudre qui a commencé grâce à un petit flacon d'Eau de Couvent...
Je suis entrée dans l'univers de Candida Romero par la petite porte et le couloir n'en finit pas de me ramener vers de nombreuses portes que j'ouvre au fur et à mesure.
La Ruche était mon terrain de jeux lorsque j'étais petite fille, mais c'était avant la naissance de Candida,
je ne sais plus très bien, mais c'était avant 1955 et les années suivantes... C'est vrai c'était la campagne, il y avait des fleurs et c'était charmant. À l'époque j'allais aussi rue de la Tombe-Issoire et ces ambiances différentes d'un appartement ordinaire, m'enchantaient toujours.
Je suis restée longtemps sans y retourner, mais proche de tous les évènements qui s'y déroulaient, comme dans tant d'autres cités d'artistes, c'est seulement en 1976, que j'ai eu l'occasion de revoir les jardins car notre ami le sculpteur et peintre Vito Tongiani, originaire de Toscane, habitait à son tour, la Ruche...
Certes, le lieu avait changé mais il y régnait toujours cette atmosphère si particulière et les enfants continuaient à jouer dans les allées comme autrefois.
Maintenant la Corse qui est mon lien de coeur, je rêve devant tant de beauté revenue, tant d'idées, d'ardeur pour redonner vie à ce lieu splendide que j'ai hâte de connaître un jour prochain.
Merci à Candida pour sa gentillesse, c'est moi qui me sens tellement honorée d'avoir pu entrouvrir quelques portes de son univers merveilleux !