Laissons le vent tourner les pages...

Laissons le vent tourner les pages ...

L'herbe était parsemée de petites pierres blanches et quelques oliviers bas y poussaient. L'après-midi était d'un jaune éclatant. Je m'assis dans l'herbe, sous un des petits arbres, dont les branches n"étaient guère loin de ma tête, et je me reposai en regardant Avignon de l'autre côté du Rhône. C'était très doux, très tranquille et très agréable, bien que je ne sois pas certain que ce fût tout ce que je me serais attendu à trouver dans une semblable combinaison d'éléments : le mur d'une vieille cité comme toile de fond, un baldaquin d'oliviers et, comme couche, la terre provençale.
Henry James, Voyage en France

jeudi 29 mai 2014

Escapade dans le Luberon : Villars
































Il y avait un petit moment que je n'étais plus allée me promener dans le Luberon.
Alors ce matin direction Saint Saturnin les Apt, en cours de route, le paysage en contrebas de Gordes est tellement beau, qu'il faut faire un stop pour commencer à s'en mettre plein les yeux.
Puis plus loin un petit village s'enroule au sommet d'une colline : Villars.
Une belle allée d'arbres monte vers l'église.
Pays des aiguiers (en Provence citerne creusée dans la roche et voûtée de pierres) et du peintre Guigou
qui y naquit en 1834, Villars est aussi une terre d'ocre, très colorée et de cultures traditionnelles (cerisiers, abricotiers, vignes, lavandins).
Villars possède de nombreux hameaux en ses alentours, souvent bâtis autour de fontaines et de lavoirs.





Saint-Saturnin des Apt

GUIGOU Paul

    Paul Guigou, né à Villars (Vaucluse) en 1834, mort à Paris en 1871.
    Paul Guigou est avant tout le peintre de la Durance. Plein de tendresse pour cette région, il transcrira toute la force lumineuse des paysages de Provence.
    Né dans une famille aisée d’agriculteurs et de notaires, Paul Guigou devait reprendre la succession de son oncle Frédéric Ripert, notaire à Marseille. Mais dès le collège à Apt, son professeur de dessin, M. Camp, avait discerné ses qualités et lui conseillait de se mettre à l’école de la nature. La carrière artistique de Guigou s’est dessinée à Marseille où il fut clerc de notaire dans l’étude de Me Joseph Roubaud de 1854 à 1861. Lors d’un voyage à Paris en 1855, pendant l’Exposition universelle, il découvre la peinture de Courbet, qui l’influencera fortement pendant sa période marseillaise de 1857 à 1862.
    A Marseille, il connut le vérificateur de l’administration des Domaines. Prosper Grésy (1801-1874), qui l’introduisit près de Loubon, lequel lui ouvrit les portes des salons qu’il organisait. 1862 et 1863 furent pour lui cruciales. Marius Chaumelin le malmena dans sa critique du Salon de 1861 parue dans la Tribune artistique et littéraire du Midi. Le peintre remit en question ses effets de truelle, rencontra Paul Huet, venu régler un procès à l’automne de 1862. Huet était une des vedettes « pleinairistes » des expositions présentés par Loubon depuis 1847. Ce fut encore Loubon qui poussa Guigou à « s’aérer » avec Monticelli courant 1863 à Saint-Paul lez-Durance.
    L’année de la mort de Loubon, en 1863, il quitte Marseille pour Paris, où il se fixe définitivement. Cette même année Guigou fut admis au Salon de Paris avec Les Collines d’Allauch. Il y fut exposé régulièrement jusqu’en 1870. Avec Bazille, méridional comme lui, il rencontre les peintres impressionnistes au café Guerbois. Cependant chaque été, Guigou reste fidèle à la Provence. Il peint les environs de Marseille, L’Estaque, l’étang de Berre, la plaine de la Crau, les bords de la Durance.
    Les toiles qu’il a produites resteront comme le stéréotype du paysage provençal, fluide et aérien, l’immensité d’un ciel reflétant son azur dans un miroir d’eau, avec quelques personnages-santons dispersés dans la composition afin d’augmenter l’effet spatial.
    Pendant la guerre franco-prussienne, l’artiste est incorporé sans la garde mobile, au camp des Alpines, près de Graveson (Bouches-du-Rhône). Après les hostilités, la baronne de Rotchschild l’engage comme professeur de dessin, mais il n’a pas le temps d’exercer cette fonction ; atteint d’une congestion cérébrale, il meurt prématurément à l’hôpital Lariboisière, à Paris, en décembre 1871.
    Paul Guigou est le plus connu des paysagistes provençaux à l’étranger, surtout aux USA et en Grande-Bretagne où il est apprécié depuis longtemps.

    Les œuvres de Paul Guigou sont largement représentées dans les musées de Marseille. Citons Les Pins au bord de la Durance (1869), Les Collines d’Allauch (1862), Lavandière au ruisseau(1862).

5 commentaires:

  1. Coucou Dany !
    C'est un article qui me plait beaucoup car je connais le coin mais, je connais encore mieux Paul Guigou et je l'ai étudié.
    C'est vraiment une belle coïncidence.
    Lorsque j'avais le magasin à Meyrargues, je suis tombée à Venelles dans un grenier sur un petit tableau signé de Paul Guigou, un petit chemin en bord de Durance à St Paul (15x20 à peu près).
    A l'époque je montre le tableau à Fabienne Albertini-Cohen experte à Marseille pour Christie's et qui avait soutenu sa thèse de fin d'études d'histoire de l'art sur cet artiste.
    Elle me confirme et me dit qu'il n'y a plus qu'à le faire authentifier par l'ayant-droit qui vit à Vitrolles.
    Il n'y a jamais eu moyen qu'elle accepte. Fabienne Albertini-Cohen à essayer sans succès, j'ai fait intervenir mon experte et restauratrice en tableau qui a fait une analyse au scanner, et ben pas moyen !!!!
    Bref, je pense que ça ne l'intéressait pas que des petits Guigou sortent, cela dépréciait la côte certainement.
    J'ai fini par le vendre à un antiquaire d'Isle sur la Sorgue qui ce croyant plus malin, c'est fait fort d'y arriver. Sans succès.
    Mais c'est comme ça que j'ai étudié le monde de Paul Guigou qui est pour moi devenu une "connaissance" et dont j'apprécie les œuvres.
    Mais tes photos sont superbes aussi et j'ai pris plaisir à retrouver à nouveau les endroits de ce petit village que j'avais connu grâce à cet artiste.
    Et toujours un joli félin.
    Gros bisous Danielle et Ange.
    Belle journée
    Ah le monde de l'art !!!!

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    1. Coucou Mimi, mais super intéressant tout ce que tu me racontes, loin de moi de penser que tu avais eu l'occasion d'avoir entre les mains un petit Guigou. En plus tu avais fait un sacré boulot de recherches avec beaucoup de ténacité malgré les
      obstacles, je reconnais là ton caractère de battante.
      Ah oui le monde de l'art c'est quelque chose !!!
      Mais moi où je suis étonnée (pour Guigou) c'est que malgré la brièveté de son existence et surtout de sa courte période picturale, une douzaine d'années, il a réussi à fixer la lumière et à exalter la beauté de sa terre natale.
      J'ai cherché sur le Bénézit, un gros chapitre lui est consacré et il y a toutes les ventes publiques arrêtées en 1999...
      Je t'embrasse
      Dany

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  2. Curieusement, je découvre Villars ! Pourtant je connais bien Gordes, Sault et Saint-Saturnin d'Apt, ainsi que Roussillon, Lacoste et Apt aussi, bien sûr. Même les noms de Gargas et Rustrel ne me sont pas inconnus...
    Je découvre aussi avec émerveillement le tableau de Guigou, en tous points exact au souvenir que je garde de l'arrivée à St Saturnin la dernière fois que j'y suis allée (septembre 2010).
    De Guigou je connaissais bien sa lavandière (elle figure dans mon billet sur les grandes lessives).
    Il est tard, je reviendrai
    Merci pour ce billet passionnant
    Bises ensommeillées :-)

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    1. Je suis contente de ta visite car je pensais beaucoup à toi lors de ce billet, pour le lieu déjà mais aussi pour le peintre.
      Mimi a bien étoffé le sujet avec toutes ses connaissances.
      J'avais fait quelques images de St Saturnin au mois de novembre, des vues de loin, par une journée très froide et très triste et je m'étais promis d'y retourner, voilà c'est fait et je ne suis pas déçue de cette promenade ensoleillée et chaude.
      Donc à suivre dans un prochain billet.
      Je t'embrasse
      Danielle

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    2. Donc me revoilà !
      Lors de notre visite à l'expo des peintre provençaux à Rueil, au mois de mars dernier, j'avais noté, entre autres, trois tableaux de Paul Guigou : "Place de St Paul-lez-Durance" daté de 1894, et Paysans devant la Ste Victoire de 1867, ainsi que "Chasseurs dans la plaine de la Crau", mais celui là je n'ai pas réussi à le dénicher dans les replis de la toile :-(

      Pour en revenir à ton billet, c'est un régal d'admirer tes photos, toutes plus belles les unes que les autres.
      J'aime ta passion des portes et fenêtres, pour moi ces ouvertures sont la bouche et les yeux des maisons.
      Avec le fard à paupières bleu éclatant de ses maions, Villars vaut le déplacement :-)
      Bisous, Danielle, excellente journée et merci pour cette belle promenade

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